10 questions
que vous vous posez
sur le commerce équitable

OUI ! Les secteurs agricole et alimentaire comptent pour environ ¼ des émissions mondiales de gazs à effets de serre*. Il y a donc urgence à transformer nos pratiques pour diminuer la facture climatique de notre agriculture et de notre alimentation ! Mais les producteurs n’ont souvent pas les moyens d’investir dans la transition agroécologique qui permettrait de faire face au défi climatique. 

Comment le commerce équitable agit-il pour accélérer la transition agroécologique ? En donnant les moyens économiques aux producteur.ice.s d’investir dans le changement : les entreprises engagées dans le commerce équitable garantissent un revenu décent aux producteurs.ice.s, basé sur les coûts réels de production, pas sur le cours de la bourse !  Les engagements commerciaux sont construits sur la durée et un fonds de développement permet de financer des projets collectifs. Les produceur.rice.s ont alors les ressources et la visibilité économique nécessaire pour sauter le pas et investir dans des pratiques plus résilientes face aux dérèglements climatiques. En France, la sécurité économique du commerce équitable a permis d’accélérer les conversions de fermes en bio, voir même de développer des pratiques allant au-delà du bio (en savoir plus sur les filières françaises de commerce équitable).

Dans son rapport publié en 2018, le GIEC réaffirme que les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’activité humaine sont dues, pour 24% d’entre elles au secteur dit AFAT (agriculture, foresterie et autres affectations des terres).

2. Pour bien faire, ne faudrait-il pas arrêter de consommer des produits importés ?

Si il y a urgence à relocaliser certaines filières alimentaires notamment pour assurer la sécurité alimentaire des populations – en France, comme dans les pays du Sud. Mais certains produits de base de notre alimentation quotidienne ne sont pas produits en France (comme le café, le cacao, les bananes etc.) ou parfois, la production locale n’est pas du tout suffisante pour satisfaire la demande de consommation (ex: le riz de Camargue).

Dans ces cas là, la solution n’est pas tant de supprimer les échanges mais de lutter contre les conséquences sociales et environnementales néfastes d’un commerce international qui ne permet pas aux plus pauvres de vivre dignement, ni d’adopter des pratiques leur permettant de protéger leur environnement. En somme, la concentration des richesses dans les mains de quelques uns se fait au dépend des droits humains, de la préservation de l’environnement et de risques sanitaire importants. 

Le commerce équitable est une alternative concrète et positive au commerce mondial dominant. 

Choisir des produits issus du commerce équitable, c’est défendre une économie respectueuse des droits économiques, sociaux culturels et environnementaux.

Un exemple très concret : La café, la success story qui cache la crise !

70 % des français commencent leur journée par une tasse de café.
80% de ce café est produit par de petites exploitations familiales. 

Le café est un marché très juteux qui génère un chiffre d’affaire de 200 milliards de dollars par an. Malheureusement, les profits restent dans les mains de quelques grands groupes et ne ruissellent pas jusqu’aux producteur.ice.s. 

Conséquences : la pauvreté explose dans les familles des caféiculteurs et crée des problèmes de malnutrition, d’accès à l’éducation, à la santé,… Par ailleurs les petits producteur.ice.s subissent de plein fouet les conséquence du dérèglement climatique (nouvelles maladies sur les caféiers) et leurs revenus (très bas) ne leur permettent pas de vivre dignement de leur métier ni de développer des pratiques agroécologiques pour s’adapter au dérèglement climatique.

> En savoir plus sur : Le café, la success story qui cache la crise

3. Commerce équitable et bio, possible d’avoir les deux ?

La question des modes de production durables est au coeur de la démarche du commerce équitable. 

En France, 84% des produits du commerce équitable issus des filières internationales sont bio !  Concernant les produits du commerce équitable origine France, en 2019, près de 50% avaient la double-labellisation équitable et bio. Que ce soit pour les filières françaises de commerce équitable, ou les filières internationales, la convergence entre les labélisations équitables et bio sont en constante progression !  Un chiffre en constante progression ! Une étude sur les filières de commerce équitable en France démontre que la sécurité économique du commerce équitable a permis d’accélérer les conversions de fermes en bio, et même de développer des pratiques allant au-delà du bio – comme par exemple nourrir les vaches laitières bio avec une alimentation 100% française, en supprimant toutes les importations de soja!

> En savoir plus sur l’étude Commerce équitable origine France : rémunération des producteur.rice.s e et transition agroécologique.

4. Le commerce équitable s'oppose t-il au local ? NON

Bio, local, équitable : les modes de consommation responsables ne s’opposent pas au contraire, ils sont complémentaires ! Changer ses modes de consommation vers plus de local, OUI mais à condition que le local dont on parle privilégie des modes de production rémunérateurs pour les producteur.rice.s et respectueux de l’environnement . Bonne nouvelle : le commerce équitable origine France, ça existe !

Le local ne veut pas dire forcément bon pour la planète.

Les pratiques conventionnelles de l’agriculture en France, même locales,  ne sont pas toujours durables !  L’utilisation d’intrants chimiques fortement émetteurs de gaz à effet de serre, ou encore la déforestation importée liée à l’importation de protéine animales comme le soja pour l’élevage contribuent de manière significative à l’empreinte environnementale des modes de production conventionnels.  

Le  commerce équitable, au Nord comme au Sud, favorise l’adoption de modes de production peu polluants, économes en intrants et diversifiés. Ainsi, des études comparatives ont même montré qu’un sucre de canne équitable du Paraguay avait un impact environnemental plus faible qu’un sucre de betterave du Nord de la France et ce, malgré l’empreinte carbone du transport !

Et production locale ne veut pas dire production équitable ! 

La production locale ne garantit pas nécessairement un prix rémunérateur pour les producteur.trice.s. Plus d’un tiers des producteur.rice.s français.e.s vivent avec moins de 400 € par mois ! Le commerce équitable est également une nécessité pour garantir des revenus décents aux producteurs locaux ! 

5. Comment peut-on agir sur la pollution liée au transport de produits sur d’aussi longue distance ?

En cherchant à en réduire l’impact : le transport des produits de commerce équitable passe par des importations groupées ET par bateau (l’un des moyens de transport les moins polluants) pour réduire davantage l’impact écologique. C’est par ailleurs le transport (routier) en France qui constitue la plus grande source de pollution liés aux transports – quelle que soit la provenance des produits. 

Plusieurs initiatives de transports à la voile transatlantiques se sont développées ces dernières années et expérimentent des alternatives avec les entreprises de commerce équitable !

6. Le commerce équitable existe-t-il pour des produits français ?

OUI ! Depuis la loi sur l’Economie sociale et Solidaire de 2014, le commerce équitable s’applique aussi aux filières françaises. Le projet du commerce équitable en France est de repenser le modèle économique pour soutenir les agriculteur.rice.s et accélérer la transition agroécologique des modes de production et ainsi permettre une alimentation durable pour les français.e.s.

> En savoir plus sur les filières françaises de commerce équitable

7. Comment justifier le coût des produits issus du commerce équitable et bio ?

Les bonnes pratiques sociales et environnementales ont un coût :  juste rémunération des producteurs, une main d’oeuvre supplémentaire liée aux techniques de production agro-écologiques, l’utilisation d’engrais organiques plus chers que les intrants chimiques, le travail de certification (label) pour garantir le respect des normes sociales et environnementales qui fondent le commerce équitable… Dans de nombreux cas les entreprises de commerce équitable innovent, réduisent leurs frais de communication et de marketing, ou pratiquent une politique de marge permettant de proposer aux consommateurs des produits aux prix les plus accessibles possibles.  Les études effectuées par les associations de consommateurs montrent que les produits issus du commerce équitable sont en général entre 0% et 10% plus chers que leurs équivalents en conventionnel. 

Par ailleurs, les pratiques de commerce équitable engendrent des bénéfices pour toute la société (diminution de la pauvreté, et protections des écosystèmes) dont les coûts ne devraient pas être supportés uniquement par les consommateurs et les entreprises qui s’engagent. 

Aussi, Commerce Équitable France plaide pour renforcer les soutiens à l’engagement des entreprises dans la transition écologique et sociale afin de rendre les produits à haute valeur sociale et environnementale plus accessibles pour tous les consommateurs.

8. Comment adopter des modes de consommation responsables tout en maîtrisant son budget ?

Des solutions existent ! Par exemple en consommant moins de plats préparés, souvent chers et de basse qualité. A la place, réapprenez à cuisiner, même des choses très simples en privilégiant  la consommation de fruits et légumes de saison (donc moins chers), privilégiez les céréales  complètes et les légumineuses (riches en protéines) afin de diminuer votre consommation de protéines animales plus cher pour votre porte monnaie et plus néfastes pour l’environnement ! 

> Aller plus loin : un petit guide pour vous aider à repérer les sources de protéines végétales.

Acheter équitable et bio en vrac coûte aussi souvent moins cher au kilo (on ne paie pas l’emballage) et permet de n’acheter que ce dont on a besoin à un instant T, ce qui réduit le gaspillage alimentaire (jeter de la nourriture, c’est aussi jeter de l’argent). Il ne s’agit pas de changer toutes ses habitudes d’un coup : coup : progressivement transformer sa consommation au quotidien c’est déjà s’engager pour demain !

9. Comment le commerce équitable accompagne-t-il le changement des modes de consommation ?

Informer les citoyens sur l’impact de leurs actes d’achat est essentiel pour accompagner le changement à grande échelle de nos modes de production et de consommation. La transparence et l’implication des citoyens sont au coeur des engagements du commerce équitable, et se traduit par la Quinzaine du commerce équitable notamment qui existe depuis 20 ans ! 

Autre exemple : depuis quelques mois, un programme d’éducation au commerce équitable pour les moins de 30  intitulé “Fair Future”, a vu le jour.  

Mais favoriser le commerce équitable ne devrait pas relever de la seule responsabilité des consommateurs. Les acteurs du commerce équitable mènent des campagnes ainsi qu’un travail de plaidoyer auprès des décideurs publics visant à faire modifier les règles du commerce conventionnel et faire que les principes du commerce équitable deviennent la norme, pas une exception.

10. Le commerce équitable concerne-t-il d’autres produits non alimentaires ?

OUI ! D’autres produits sont concernés par le commerce équitable : le tourisme, l’artisanat, les fleurs, les produits cosmétiques, le textile. S’engager dans un mode de consommation équitable et durable, c’est aussi prendre en compte tout notre environnement. Plusieurs entreprises françaises proposent des produits issus du commerce équitable non alimentaires : par exemple, Altermundi et Artisans du Monde proposent de très belles pièces d’artisanat (bijoux, vaisselle, vêtement et autre objet pour la maison…) qui sont réalisés la plupart du temps dans une logique d’économie circulaire, en plus du respect des droits des travailleurs et de l’insertion sociale par le travail. Karethic propose des produits cosmétiques qui contribue au développement d’une filière karité écologique.